Le plaisir grandit avec l'âge !

…Ou comme l'illustre joliment la sagesse populaire : petit à petit l'oiseau fait son nid ! Eh oui, parce que le plaisir trouve son plus bel essor dans une participation consciente, dans le temps qu'on lui accorde, la confiance en notre valeur et notre légitimité ou encore dans l’intérêt accordé à la relation et à l'instant présent.

Le plaisir sexuel rencontre en effet dans la maturité de l'individu, l'espace formidable de son épanouissement. Pourtant l'avancée en âge ne fait pas toujours paisible, et la jeunesse n'est pas forcément inquiète, soucieuse de faire ses preuves, voire trop pressée !

Quand deux et même trois générations vivent de concert dans une posture érotique active, hiérarchiser les plaisirs, serait-ce l’expression du besoin de délimiter le territoire de chacun, par crainte d'une transgression ? Aurions-nous peur de nous croiser symboliquement dans le partage de mêmes ambitions et capacités ? Et faudrait-il ainsi nous convaincre que nous n’avons pas mêmes aptitudes pour ne pas en partager le goût ?
A moins que cette idée reçue qui valorise l’âge ne traduise l’angoisse de se voir vieillir et de voir dans nos enfants les agents de notre déchéance ? Ainsi les aînés revendiqueraient la puissance de leur plaisir pour contrer les plus jeunes qui eux, brilleraient du pouvoir de leur fertilité ?

Le fait est que le plaisir est une expression émotionnelle et qu’à ce titre, il est pour chacun d’entre nous singulier. Selon nos regards sur nous-même, et quel que soit le temps de notre vie, il peut être encombré de culpabilité, d'inquiétude, de doutes, de pudeur ou au contraire libre de l’originalité de sa manifestation, d'énergie et d'espace.

S'il peut nous accompagner tout au long de notre vie, pour le garder vivace, il nous faut sans cesse à nous réadapter aux nouvelles conditions de notre existence : historiques, émotionnelles ou physiques. Car comment nier, pour les plus jeunes, l'impact de l’urgence d’une relation à construire, d'une grossesse, des doutes quant à sa place sociale, d'une autonomie difficile à prendre… sur la liberté d'éprouver le plaisir sexuel ? Et comment taire le déséquilibre qu'occasionne inévitablement la perte d'un parent, un licenciement, une maladie, la douleur de constater une peau ou un corps qui donnent des signes de faiblesse, le terme de la fertilité… et qui oblige à de nouveaux repères pour leurs aînés ?  Car plus d’avantage qu’un âge, ce n'est bien que lorsque inquiétude et douleur s'apaisent que le plaisir peut se faire jour et témoigner de du vivant désir qui bouillonne en nous.