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Se manquer physiquement est une preuve d’amour !

Quand la relation amoureuse peine il n’est pas rare que les couples se proposent l’éloignement, espérant retrouver, dans cette absence de l’autre, la douleur physique du manque de l’autre. Ainsi, fébriles ou désenchantés, ils guettent les premiers pincements de leur coeur, le sentiment d’être déboussolés, triste ou vide.

Et dès lors que ces signes se manifestent, ils y entendent le gage de la présence irremplaçable et indispensable à leur bien-être, la nécessité de l’emboitement de leurs sexes, et ils  en concluent au sceau de leur amour.

Comment ne pas reconnaître dans cette lecture du sentiment amoureux à l’aune d’une certaine détresse, nos premiers liens établis avec notre mère, régulièrement mêlés eux aussi à cette cuisante douleur qu’est le manque ? Une douleur physique appréhendée dès notre naissance et la séparation du corps maternel, dans lequel, neuf mois durant, nous vivions en fusion dans la sécurité et la douceur des caresses contre la paroi intra-utérine. Puis chemin faisant, c’est au rythme de la douleur de la faim que s’est manifesté le manque de notre mère, agent de notre survie. Une mère envisagée tel un bout de soi, et à ce titre indispensable. Une mère regardée comme on se mire en quête de soi-même, tant il nous est difficile alors d’évaluer ce que nous « contenons » individuellement. C’est à la mesure de ce vide ressenti intrinsèque, et au sentiment que notre mère en est le possible comblement, que s’est faite notre première définition de l’amour, dès lors réduite à l’expression d’un besoin criant de notre chaire.

Ceci étant, s’en tenir à cette première lecture, même oh combien légitime, serait réduire la relation amoureuse à une relation de dépendance et la sexualité à un soin. Ce serait témoigner de la difficulté qui est la nôtre à faire avec nous-même et réduire l’autre à un devoir de réponse. Ce serait se priver cruellement de la richesse qu’offre la maturité à l’amour : une reconnaissance de l’autre en tant qu’autre, sans laquelle il ne peut être sujet d’émerveillement et occasion d’enrichissement. Un accueil de sa capacité individuelle et de son autonomie, sans laquelle point de projet, expression de créativité dans la relation. Car là sont bien les conditions d’une sexualité qui ne se résume pas à une simple réponse pulsionnelle entendue comme la menace de débordement du corps et source d’anxiété. Mais une sexualité qui se fait langage de la relation où se propose  jeu, exploration, rencontre et à ce titre enchantement. Des conditions qui donne à l’amour un cadre paisible et confiant, et ouvrent le champ des possibles.

 Lectures

Auteur de chronique mensuelle pour Psychologies magazine.

La Sexualité décomplexéeAuteur du livre "La Sexualité décomplexée"
2015 | Flammarion.

La Sexualité des femmes n'est pas celle des magazinesAuteur du livre "La Sexualité des femmes n'est pas celle des magazines"
2004 | La Martinière.

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 Interviews !